Respecter un style de bière, ou pas…

Dimanche 9 juin 2013, par Daniel // Le brassage amateur

En brassage amateur les débuts sont souvent difficiles et il faut, avant même le premier brassin, assimiler de nombreuses informations qui nous proviennent d’origines diverses. Les questions concernant les ingrédients de la bière, ses techniques de fabrication et son conditionnement sont nombreuses. Il faut dans un premier temps faire un tri des informations glanées ici et là.

Pour le tout premier brassin, une recette très simple réalisée à l’aide d’un équipement basique est souvent privilégiée, ceci permettant de vérifier si l’on se trouve sur à peu près sur la bonne voie. A ce stade, et sans aller très loin dans l’analyse du produit fini, une fermentation réussie est déjà une victoire !
Par la suite, et après s’être essayé aux classiques bières blondes, blanches et autres brunes, il arrive que l’envie se manifeste d’aller plus loin.

Styles et gouts {JPEG}Sans avoir la prétention de vouloir copier des produits du commerce, le brassage de bières correspondant à un style donné peut être une démarche très intéressante.
En effet, cette démarche implique tout d’abord un travail de recherche, comportant différents aspects (historiques, géographiques, techniques etc…).
Le répertoire des styles étant bien accessible (voir par exemple ici : www.bjcp.org ), il est donc possible de connaître le profil des bières par catégorie.
Dans ces profils, on trouve une description selon plusieurs critères :

  • L’origine géographique et historique
  • Les ingrédients typiques ainsi que le profil de l’eau
  • L’aspect général : Couleur, mousse, trouble éventuel, etc…
  • Les profils aromatiques (l’intensité du houblon, le côté plus ou moins malté )
  • Des fourchettes mini et maxi de certaines valeurs correspondantes aux styles ( degré d’alcool, couleur, amertume, carbonatation etc…).

Ces éléments ne nous fournissent pas LA recette de la bière que nous cherchons à faire, mais nous donnent les contours assez précis de ce à quoi elle devrait ressembler. Commence alors une réflexion consistant à trouver la technique de brassage la mieux adaptée, les divers ingrédients (en particulier la levure), et la façon dont sera conduite la fermentation.
Les exemples commerciaux étant aussi indiqués par le BJCP pour chaque style, avec l’expérience on peut deviner certains éléments manquants. Une bière plutôt sèche, ou à l’inverse plus ronde, permet d’avoir une indication sur les paliers de température à privilégier lors du brassage.
Des expériences très concluantes on déjà été faites par le passé, et il est indéniable que le fait d’avoir su reproduire un style bien précis est une belle récompense.
C’est précisément à ce moment-là que l’on peut dire si oui ou non le travail en amont a porté ses fruits. Même si certains ajustements peuvent s’avérer nécessaires, le fait de se retrouver avec un produit qui correspond globalement au profil recherché nous procure une réelle satisfaction.

Liens entre styles {JPEG}Mais au fait, pourquoi vouloir absolument être conforme à un style donné ?
Les motivations sont probablement diverses, et peuvent dans un premier temps s’expliquer par les goûts personnels de chaque brasseur. De la même manière que nous n’achèterions pas un produit que nous n’apprécions pas, nous préférons que nos productions personnelles soient à notre (nos) goût(s), chose qui paraît évidente.
Peut-être est-ce aussi dû au fait qu’en goûtant nos productions, un certain besoin se fait sentir de vouloir les définir ? De leur donner une « identité » en quelque sorte ?
Lors des dégustations, il n’est pas rare d’entendre tel ou tel dire que cette bière me rappelle celle de « la brasserie machin-chose »…
Il semblerait donc qu’il y ait un réel besoin de comparaison de nos productions avec des standards connus.
Ces raisons font à ce moment-là qu’il est bien plus intéressant de viser un style dès le départ, plutôt que de brasser une bière improvisée en essayant lors de la dégustation de savoir à quoi elle peut bien ressembler.

Cet avis n’est pas partagé par tous, et nombreux sont les brasseurs amateurs (voire artisanaux) que ce sujet ne préoccupe absolument pas. En effet, on peut aussi comprendre que le respect absolu de ces critères de styles peut être ressenti comme un frein à la créativité. Les possibilités offertes par les différents ingrédients et techniques dont nous disposons permet d’aboutir à une variété impressionnante de bières.
Libre alors à chacun de voir si il veut ou non rester dans une certaine tradition, ou bien au contraire s’aventurer hors des chemins battus.

Les avis diffèrent donc, et en bière comme en cuisine il y en a pour tous les goûts.
On ne cuisine pas une choucroute avec de la sauce tomate, et on ne brasse pas une Kölsch avec de l’orge torréfiée. Tout ceci n’empêche pas que, comme pour la cuisine des restes, une bière improvisée peut s’avérer excellente à la dégustation !

Au final, notre objectif est bien celui que notre bière soit bonne…

Un tableau périodique des styles de bières.. {JPEG}